On dit que Rennes est la capitale de la Bretagne, mais est-ce toujours le cas ? Avec le phénomène de mondialisation, de croissance démographique, peut-on encore voir dans Rennes les symboles de la tradition bretonne ? Secrétaire de la fédération des jeunes du Parti breton et candidat pour les élections législatives dans la 2e circonscription d’Ille-et-Vilaine, Maël Egron nous a livré sa vision de la Bretagne durant une courte interview. Clichés sur la Bretagne, identité et politique de communication de Rennes, Maël nous a tout dit.
La Bretagne, une terre d’ouverture
Maël nous a défini la Bretagne en quelques mots. Terre accueillante et attractive, « terre qui danse », elle remplit ses habitants de fierté. Même si pendant des siècles la Bretagne était mal vue en raison de ses nombreux clichés, aujourd’hui, il y a comme une inversion des mœurs. En effet, le fait de s’appeler Parti breton par exemple peut même être un levier en termes de communication. A l’international notamment l’identité bretonne est plus appréciée que l’identité française.
Surfer sur le concept de la culture bretonne dans la communication du Parti breton
Il est parfois difficile d’identifier une culture bretonne car celle-ci peut varier entre différents endroits. Les cultures de Bretagne sont différentes en fonction des lieux. Pour le Parti breton la culture bretonne est ancrée dans son idéologie, mais il a fait le choix de ne pas exploiter les symboles de la Bretagne dans sa communication.
… et des collectivités et entreprises
Au niveau des entreprises il y a aujourd’hui une grande association des entreprises en Bretagne qui s’appelle « produit en Bretagne » et qui comporte des dizaines de milliers d’employés. Le concept de culture bretonne est donc particulièrement important d’être exploité. Aujourd’hui, une entreprise nantaise a plus d’intérêt d'être reconnue comme étant bretonne plutôt que ligérienne. La Bretagne est une nation, un pays reconnu à l’international.
Des mythes et des clichés sur la Bretagne
« L’alcool et la pluie » sont les deux premiers clichés auxquels a pensé Maël. Des clichés positifs finalement puisque « ça fait parler de nous ». A l’échelle nationale, au niveau touristique, la Bretagne compte 5 000 000 d’habitants à l’année et 15 000 000 l’été. Il y a des régions complètement dépeuplées l’hiver et qui revivent l’été. Les commerçants sont complices de ce phénomène, car certains n’ouvrent que trois mois dans l’année à partir de juin jusqu’à septembre. Les attrape-touristes participent aussi beaucoup à cette stratégie de commercialisation. « Acheter une crêpe à 10€ on sait bien que c’est un attrape-nigaud et qu’il n’y a que les Parisiens qui sont capables d’acheter une crêpe à ce prix-là. On en joue aussi ! Les bols bretons on en vend toute l’année mais surtout en été ».
La Bretagne ne se résume pas qu’à ses clichés
Et pourtant les bols bretons et les cirés jaune ne peuvent suffire à définir l’une des régions les plus touristiques de France. « Il y a des paysages grandioses en Bretagne, le Morbihan n’est pas la côte de granit rose », a répondu avec ardeur notre invité. Les nombreux espaces naturels permettent aujourd’hui de créer un essor de l’éco-tourisme. Il y a comme une Disneylandisation de la Bretagne. Un tourisme qui profite à l’économie de la Bretagne, mais inquiète aussi ses habitants, notamment pour le domaine de l’immobilier. Avec une augmentation en moyenne de 15 à 17% en fonction des régions, la classe moyenne bretonne sait déjà qu’elle peut renoncer à construire.
Rennes, une politique bretonne ?
Rennes est en train de prendre un pouvoir immense sur la Bretagne. Unie à Nantes, elle a plus de budget que la région Bretagne. Pourtant « Rennes n’est la capitale de la Bretagne que sur le papier », nous a répété plus d’une fois Maël. A Rennes on n'entend aucun dialecte. Il y a la langue française, il n’y a pas de gallo ni de breton. On peut voir un peu de signalétique en bilingue mais cela reste résiduel. Le stade rennais en témoigne aussi : Rouazhon Park ce n’est pas du breton, c’est un anglicisme qui surfe sur l’identité bretonne. La ville de Rennes a pris un retard immense par rapport à la ville de Saint Brieuc par exemple, où il y a une signalétique trilingue : en breton, en gallo, en français.
Rennes, une identité parisienne
Pour Maël, pas de doute, la politique de la ville de Rennes cherche bien plus à favoriser les Parisiens que les Bretons. Un exemple, la ligne de chemin de fer : une heure pour aller à Paris et plus de deux heures pour aller à Brest…Il n’y a pas de ligne directe, et c’est pareil pour Rennes et Nantes. C’est symbolique. La ligne Grande Vitesse est faite pour les travailleurs parisiens, c’est un choix de la politique de la ville. Rennes est en train de devenir le dortoir des Parisiens.
Aujourd’hui, l’identité bretonne est de plus en plus gommée en faveur de l’identité française, mais tout n’est pas perdu pour le jeune Breton, une lueur d’espoir brille, animée encore par certaines familles qui gardent la volonté de conserver quelques bases de breton, héritage de leur terre, de leur fierté.
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