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La Bretagne et Rennes, enjeux et paradoxes



La Ville de Rennes entretient une relation compliquée avec la Région Bretagne dont elle est la capitale. En quête d’identité bretonne et parfois rejetée du côté de la Bretagne occidentale, Rennes souhaite avant tout rayonner au-delà des frontières régionales.



La Bretagne, une marque à part entière

Comme beaucoup d’autres territoires forts en France comme le Pays basque, la Corse ou l’Alsace, la Bretagne apparaît comme une marque à part entière, Ce sont des territoires avec une très forte identité et une grande notoriété. Pour Vincent Aubrée, responsable de la Communication et du Marketing chez Destination Rennes depuis 2013, “Les deux territoires en France qui ont la marque la plus puissante et la mieux identifiée sont la Bretagne et l’Alsace.

Les bretons sont reconnus comme un peuple. Vincent Aubrée nous partage d’ailleurs son expérience à ce propos : “Je m’en suis aperçu quand je suis parti à Paris. Dès que je suis arrivée à la capitale on m’a appelé “le breton” et partout où je suis allé c’était le cas. C’est à partir du moment où on part, qu’on prend conscience de la popularité des bretons et de l’identité qui nous colle à la peau. Ce n’est pas anodin d’arriver de Bretagne, vu de l’extérieur apparemment c’est très important. On comprend la forte puissance de la Bretagne, de sa marque, de sa réputation.”

Depuis 2011, la Bretagne est devenue une véritable marque déposée avec un logo et des codes bien précis. La marque Bretagne a été conçue pour permettre à la région d’être plus visible et attractive, en enrichissant et en modernisant son image. Elle porte l’ image d’une Bretagne moderne, innovante, créative et engagée pour répondre aux enjeux d’un développement responsable et durable.

Elle est mise à la disposition des entreprises, des associations et des organismes publics qui souhaitent d’une part, partager les valeurs de la Bretagne, et d’autre part, se référer au territoire dans leur communication afin de promouvoir leurs activités au niveau national et/ou international.


L’utilisation de la Bretagne par les entreprises et les collectivités

En effet, beaucoup de magasins surfent sur la vague de la culture bretonne, on pense à des marques de textile telles que Armor Lux, Saint James ou encore A l’aise Breizh.

A ce propos, Maël Egron, secrétaire de la Fédération des Jeunes du Parti Breton, déclare “Il existe une grande association des entreprises en Bretagne qui s’appelle « produit en Bretagne » qui comporte des dizaines de milliers d’employés. Aujourd’hui, c’est très flatteur pour une entreprise d’être estampillée Bretagne. Pour une entreprise nantaise par exemple, mieux vaut être reconnue en Bretagne qu’en Pays de la Loire, car ça ne parle à personne, ça ne veut rien dire au niveau international. La Bretagne demeure une nation, un pays reconnu à l’international, aux USA, au Canada, au Japon…”

En ce qui concerne la ville de Rennes et la place du breton et de la culture bretonne. C’est un sujet qui alimente régulièrement la polémique entre ceux qui estiment que la ville pourrait en faire plus (notamment en matière de signalétique urbaine) et ceux qui trouvent que c’est déjà trop. Un sujet passionnel qui ne laisse personne indifférent. Pour certains bretons, Rennes “n’est pas assez bretonne”, dans la tête de certains finistériens, Rennes c’est déjà Paris. Plusieurs habitants de la Ville de Rennes déplorent un manque d’ouverture de Rennes vers l’ouest du territoire breton. D’autres, au contraire, soulignent les initiatives en faveur de l’affirmation d’une identité bretonne moderne et décomplexée dans la ville. Ils incarnent, chacun à leur manière, la diversité des regards portés sur une question toujours sensible.

Comme le précise Maël Egron : “On est dans ce qui est censé être la capitale de la Bretagne, mais on se pose la question de ce que fait la Ville de Rennes pour le reste de la Bretagne ? Pas grand-chose par rapport à d’autres villes de la région. A mon sens Rennes n’est la capitale de la Bretagne que sur le papier. On y entend aucun dialecte, il y a du français mais il n’y a ni gallo ni breton. On peut voir un peu de signalétique en bilingue mais ça reste résiduel. [..] La Ville de Rennes a pris un retard considérable par rapport à l’identité bretonne”.


“En Bretagne, il pleut tout le temps... Les bretons sont tous alcooliques... Ce sont des ploucs, ils sont chauvins... En Bretagne, les clichés ont la vie dure !” Pour rayonner au-delà des frontières, Rennes et la Bretagne font face à de nombreux stéréotypes pouvant décrédibiliser…


Pour Maël Egron, il y a une part de vrai dans les stéréotypes sur la région, “Ils nous collent à la peau [...] Dire qu’il pleut tout le temps, que les bretons boivent beaucoup d’alcool, on peut dire que c’est dans les mœurs. D’ailleurs les clichés du breton alcoolique viennent des français qui sont venus en Bretagne et qui ont découvert l’ambiance kermesse et quand c’est la fête on est pas les derniers à rigoler c’est vrai. [...] C’est stigmatisant forcément, il y a une forme de condescendance par rapport aux bretons et ça on le vit un peu mal quand même, mais ça commence à changer.

Pour Vincent Aubrée de Destination Rennes, les stéréotypes “peuvent devenir des freins, c’est-à-dire des moqueries ou justement le fait d’identifier la Bretagne comme étant quelque chose d’arriéré, alors que ce n’est pas du tout ça. C’est vraiment l’inverse, par exemple en termes d’innovation, en recherche…c’est vraiment une région qui est à la pointe.”

Cependant, les stéréotypes ne représentent pas qu'un aspect négatif de la Bretagne, ceux-ci permettent en effet de faire parler de la région. Comme Maël Egron le rapporte : “Il n’y a pas que les clichés qui font parler de nous. Il y a une richesse incroyable de paysages grandioses en Bretagne, il y a également un essor de l’éco-tourisme qui fait que les gens viennent en Bretagne pour faire du vélo, se promener au bord des côtes, pour faire le GR 34, pour faire le sentier des Douaniers. La Bretagne est devenue un véritable site touristique. On remarque donc que malgré les stéréotypes, les gens sont ravis de venir en Bretagne.”

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